Le XIXème siècle, marque le renouveau de la tannerie, notamment sous l’impulsion d’Eugène Meyzonnier. C’est le début d’une véritable régénération économique pour la ville d’Annonay.
En 1838, Etienne Meyzonnier achète le fonds de M. Romain, Maître tanneur. Sa tannerie ne sort pas du cadre artisanal. En 1872, Eugène Meyzonnier succède à son père, envisage une extension par la construction de nouveaux ateliers. Pour lui, l’avenir est dans l’innovation et le perfectionnement des méthodes de travail. En 1872, il créé une qualité spéciale de veau ciré, destiné à la chaussure, dont il s’assure la vente exclusive en Grande-Bretagne. Après quelques essais infructueux, il trouve un procédé de travail de la peau qui sera à l’origine d’un immense succès : avant tannage, il scie la peau dans le sens de l’épaisseur afin de traiter la partie supérieure en mégisserie, la fleur et la partie inférieure à l’écorce. Il lance ensuite coup sur coup différents articles qui assurent le renom de la tannerie d’Annonay. En 1892, les usines Meyzonnier emploient 250 à 300 personnes. Dans la première moitié du XXème elles continuent leur ascension et dépassent les 1000 ouvriers en 1938.
Encouragés par le succès de Meyzonnier, quelques mégissiers s’orientent vers la tannerie, inventent des procédés, et se spécialisent dans la fabrication d’un produit : Terrasson prépare du cuir fort ; l’usine Franc & Cie travaille pour la maroquinerie de luxe, la reliure, l’ameublement, les chaussures pour femmes et enfants.
La tannerie poursuit son développement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale où le manque de matières premières, l’absence de débouchés à l’étranger et la concurrence de pays moins chers se ressentent. Après la guerre, la remise en train est difficile ; les tanneries Franc disparaissent en 1954. En 1941-1942, 16 patrons mégissiers décident de se regrouper et créent la Concentration des Mégissiers. Ce travail a continué jusqu’au 31 décembre 1993. En 1994, Antoine Perilhou reprend la Concentration des Mégissiers, située au quai de Merle, sous l’appellation : Tanneries des Carrières. Quelque 7000 peaux, essentiellement de chevreaux ou d’agneaux, y seront traitées chaque année destinées à la ganterie, au vêtement, à la chaussure... Le 4 avril 2000, les Tanneries des Carrières sont déclarées en liquidation judiciaire.
Dans les années 70, une chute des prix entraîne une nouvelle crise. Les regroupements des industries du cuir se multiplient. En 1970, après leur dépôt de bilan, les tanneries Deldi sont reprises par une entreprise parisienne : la Safer . A la même date commence le regroupement des entreprises annonéennes Combe et Meyzonnier, sous l’égide des établissements Floquet du Puy, qui forment après l’adjonction d’une autre tannerie de Bort-les-Orgues (Corrèze), les Tanneries Françaises Réunies. Ces dernières constituent le premier groupe français de tanneries. Le 8 juillet 1974, l’établissement d’Annonay se trouve en règlement judiciaire. Le 12 juillet, la fermeture de l’établissement est confirmée. Treize mois de lutte permanente s’engagent, marqués par l’occupation des locaux. Le 16 et 17 octobre 1974, les tanneurs sont reçus à l’Hôtel Matignon.
Leur combat n’aura pas été vain puisque aujourd’hui, il y a toujours des tanneurs à Annonay. Les Nouvelles Tanneries SA, implantées sur la route de la roche Péréandre, couvrent 8 000 m2 et emploient 80 personnes. Elles se sont spécialisées dans le cuir de haut de gamme, travaillent pour des noms prestigieux dans le monde de la chaussure et de la maroquinerie et, ironie de l’histoire, exportent en... Chine !
Les tanneurs ont la peau dure !
Un film réalisé par Yannick Dumez retrace l’histoire, peu banale, de ces tanneurs qui se sont battus de longs mois pour sauver leur emploi et leur savoir-faire, en 1974, puis à nouveau en 1983.
L’histoire de quelques hommes qui choisissent de reprendre leur entreprise et de devenir actionnaires.
L’histoire d’un leader syndical qui se retrouve PDG.
L’histoire d’une tannerie qui, menacée de fermeture, est aujourd’hui un exemple de savoir-faire et de modernité.
Entrepris par Le Moulin à Images - MJC d’Annonay, "LES TANNEURS ONT LA PEAU DURE !" a été réalisé par Yannick Dumez (Mouv’image) en 2009, avec le concours de la Tannerie d’Annonay.
Durée : 50 minutes – 2009 – 16/9e
Le DVD est disponible à la vente au tarif de 10€ pour les particuliers (et 40€ pour les institutionnels, comprenant le droit de prêt et de diffusion) hors coût d’envoi.
Renseignements :
MJC (tel : 04 75 32 40 80 ou moulin.images mjcannonay.org).